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Taleen El Gharib

La vie nocturne plutôt que les missiles? Le côté cringe de l’esthétique de la «résilience» du Liban

Des vidéos de missiles iraniens survolant le Liban alors que les gens faisaient la fête ont envahi les réseaux sociaux le week-end dernier, et la vie nocturne libanaise n’a pas bronché, comme si ce n’était qu’un autre samedi soir. Mais à un moment donné, il faut se demander : quand est-ce que « prospérer contre vents et marées » devient une mise en scène ? Et pourquoi continuons-nous à le glorifier ?

Je ne sais pas pour vous, mais les blagues du type “Seulement au Liban” ou “C’est le Liban” deviennent vraiment dépassées. Face à des événements horribles, comme une guerre régionale totale, nous trouvons toujours le temps pour ce rituel d’humiliation que nous appelons “résilience”.

Il n’y a pas de règle à suivre pour faire face à une crise. Vouloir un moment d’évasion, surtout dans un pays façonné par la guerre, est tout à fait humain.

La narration « Seulement au Liban » n’est qu’une version recyclée de « renaître de ses cendres comme le Phénix » ou « les gens les plus heureux et déprimés du monde. » Mais quand allons-nous cesser de transformer la difficulté en slogan ? Quand allons-nous admettre que ce n’est pas quelque chose à glorifier ou dont être fier, et que ce sont juste des gens qui essaient de survivre ?

Ce qui était censé être un message de résilience a été noyé par toute une esthétique, que nous utilisons depuis l’ère post-guerre civile libanaise.

Ce n’est pas une coïncidence si notre réponse à la crise devient si souvent une esthétique. Nous avons été formés à emballer la douleur dans la nostalgie, à transformer le traumatisme en fierté nationale, et à l’appeler « résilience ». Du fait de danser sous les missiles à s’accrocher aux clichés comme Fairuz, le houmous et le dabke, l’identité post-guerre du Liban s’est davantage appuyée sur la performance que sur la guérison.

Il n’y a rien de mal à aimer notre culture. Mais nous ne pouvons pas continuer à confondre traumatisme collectif et unité, ou chaos et caractère. À un moment donné, la résilience doit signifier plus que survivre. Elle doit signifier se souvenir et se confronter.

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